Soleil, sable blanc, mer turquoise… tel est notre repas quotidien depuis une semaine que nous longeons lentement la cote turque et ses superbes paysages mediterraneens. Entre visites archeologiques, baignades et aperos, nous emboitons le pas du parfait touriste qui se la coule douce. Nous en avions grandement besoin. Car le rythme effreine que nous nous etions impose depuis la sepulture de la Volvo dans le desert kazakhe allait finir d’eprouver nos nerfs et notre rate. En bref:

La traverse de la Mer Caspienne ne se fait pas sans mal a bord d’un cargo insalubre qui mettra 2 jours au lieu de 18 heures a nous mener a bon port. Heureusement, nous rencontrons a bord Adam, un motard israelien avec qui nous nous entendons a merveille et dont les recits du tour de son tour du monde nous font patienter agreablement. Nous restons 2 jours a Baku, la tres europenne et opulente capitale azerie pour une visite eclaire. Nous croisons a nouveau Adam au hasard d’une rue et fetons cette rencontre opportune autour d’un verre de biere, puis 10… Notre visaa de transit ne nous permet pas de visiter l’Azerbaidjan et c’est regrettable car nous sommes seduits par ce petit pays dont la capitale et les paysages alentours portent les traces d’une longue histoire d’une culture riche et d’une diversifie environnemetale unique. Tans pis…

 

Adam

 

Un train de nuit nous conduit a Tbilissi ou nous posons nos baggages dans une charmante auberge de jeunesse. Et la, tiens ! Adam! Nous fetons cette rencontre opportune autour d’un verre de tchatcha (gnole locale) puis 10…

La legende dit que lorsque Dieu repartissait les terres aux peuples du monde les georgiens etaient occupes a faire la fete. Ils se retrouverent donc sans pays et deciderent de charmer le Seigneur par leurs chants et leurs danses. Conquis, le Tout Puissant leur offrit alors la terre qu’il s’etarit reserve…La Georgie est effectivement un pays magnifique: culture tres riche, sens de l’hospitalite et incroyable diversitie de paysages.

 

 

Eglise de la Trinite

 

La capitale est egalement tres belle et ne porte pas les stigmates de la guerre qui s’est achevee il y a moins de 2 ans. Avec ses grosses eglises orthodoxes et ses remparts medievaux accroches aux contreforts caucasiens, Tbilissi est vraiment plaisante. Depuis la Russie, la Georgie est le premier pays majoritairement chretien et nous remarquons rapidement que la population, meme jeune, est tres pratiquante. On processionne, on allume des cierges, on fait le signe de croix en toute cironstance…

 

Tbilissi

 

Glacier au pied du Mont Kasbeg (3450m). Helas trop risque sans matos: frustration!

 

Apres des semaines de desert, de steppes et de mer, nous sommes en manque de montagne. Direction Kasbeg, petit village glauque coince entre la frontiere russe fermee et un col a 3000 metres egalement ferme une bonne partie de l’annee. Mais au dessus, le majestueux Mont Kasbeg culmine a 5100 metres et son interminable face Nord donne le torticoli. Le prix du materiel d’alpinisme donnant aussi le vertige, nous nous cantonnons aux abords du glacier qui nous offrent un supere trek et des vues imprenables sur le Caucase et l’improbable eglise de la Trinite, comme perchee sur les nuages. Rassasies d’altitude, nous campons une derniere nuit au milieu de ces montagnes perdues et reprenons la route, direction le soleil de Turquie.

 

Mont Kasbeg (5100m)

 

Le passage en Turquie est aussi ardu que comique. Pas moins de 3h30 d’une veritable bataille dans une foule nerveuse qui se fait chaque seconde plus pressante. Des centaines de gens entasses qui jouent violemment des coudes pour entrer dans ce qui ne sera que le debut d’une interminable file d’attente ou le combat reprendra de plus belle. Pleurs, bagarres, engueulades, evanouissements (…) s’offrent a nos yeux ecarquilles de petits francais bien eleves.

 

Minaret au coucher du soleil qui annonce l'appel a la priere

 

Finalement, nous passerons une premiere nuit sur Trabzon, station balneaire de la Mer Noire qui ne vend pas franchement du reve malgre un centre coquet. Soiree ‘thé et finale de la Coupe du Monde de Basket’ (Etats-Unis vs. Turquie!!) au programme. L’Est du pays a l’air sublime mais le peu de transport desservant cette region majoritairement kurde nous pousse a filer directement en Cappadoce. Situee au centre de la Turquie la region de l’Anatolie possede l’un des plus beau patrimoine culturel du pays. La Cappadoce ne ressemble a aucune autre region du monde. Point de rencontre des peuples grec, perse, romain… Depuis des millenaires se croisent des cultures et des civilisations aussi puissantes qu’influentes. Le resultat est aussi surprenant qu’epoustouflant. Univers mystiques ou l’accumulation de cendres et de boues rejetees par les volcans de la region puis l’erosion de celles-ci ont donne naissance a des cones aux couleurs et aux formes etonnantes. Dans ces vallees de canyons on est surpris de decouvrir de grandes tours surmontees de bloc de pierre. Etranges formations appelees ici cheminees de fées.

 

Cheminees des fees abritant des maisons troglodytes

 

Leurs couleurs varient avec la lumiere du jour c’est un spectacle de chaque instant. Ces rouges ocres tirant parfois vers le rose voir meme le blanc, tranchant avec le bleu impeccable du ciel et un vert bien net des arbres fruitiers plantés autour. Au dela de cette nature surnaturelle on decouvre l’oeuvre des hommes qui au fil des siecles ont realise d’incroyables constructions, creusant leur habitation directement dans la pierre et dans ces cheminees de fees. Vision feerique. On a vraiment l’impression d’arriver sur la planete Tatouine de Star Wars. Les villes ne sont bientot plus que des gruyeres geants. Des maisons troglodytes envahissent l’ensemble du paysage. Eglises monasteres et autres citees souterraines prennent place un peu partout. Les premiers chretiens venaient se cacher dans ces constructions pour vivre leur religion en paix. Ces eglises difficilement accessibles ont donc ete relativement bien conservees. On peut appercevoir de superbes fresques vieilles de 10 siecles contant certains passages de la bible. Tout est bluffant.
Nous passons une semaine entre camping et piscine…et toboggan… Repos a l’ombre de gros noyer et sessions balades dans ces vallees pitoresques merveilleuses.

 

Nous aimons poser...

 

 

Pourquoi Antoine est-il si énorme sur cette photo?

 

Pratique tendance: survoler la Cappadoce en montgolfiere au lerver du jour

 

 

Region de la Cappadoce

 

L’etape suivante nous conduit sur Antalya. Courte halte dans cette ville de bord de mer entouree de bien jolies montagnes. Poursuivant notre desir de voir des sites a taille plus humaine nous preferons filer en direction des villages au passe gorges d’histoire. Le petit village d’Olympos, son interminable plage, sa mer bleu turquoise, ces rochers blanc saillant, son mythique site archeologique nous enchantent. Balade autour des tresors gardes du Mont Olympos. Tombeaux Grecs Arenes romaines tombes des premiers pirates (-2500 av JC)… Olympos est aussi tres connues pour sa faune et notamment pour ses tortues de mer qui viennent chaque annee enterrer leurs oeufs sur cette plage infinie.

 

 

'Du haut de cette montagne, Paulette vous contemple'

 

 

 

Ancienne cite antique d'Olympos: site superbe ou la riviere serpente autour des ruines hellenistes avant de se jeter dans la mer turquoise

 

Malgre un investissement consequent dans un materiel de plongee haut de gamme (Masque et tuba pour enfant d’un jaune fluo un peu criard…) nous n’aurons pas le plaisir de profiter de cette faune… La cote mediterraneenne turque regorge de joyaux tels qu’Olympos. Des villages touristiques certes mais preserves et le littoral est un donc un veritable bonheur pour les yeux. Le charme fou de ces maisons de pierre blanche et au toit bleu qui sont sans rappeler les paysages des iles grecques donnent le ton. Eau transparente petit port de plaisance et cotes accidentees… On sejourne et lezarde au gre des plages suivant la fameuse voie licienne (sentier de randonnee longeant les cotes de la region). Nous sommes tout  recemment tombe amoureux du village de Ka? et de notre couchsurfeur Can (prononcer Djan) qui nous laisse profiter avec gratuité de son camping. Vue sur la mer rock 70’ a fond, soiree rak? (alcool local) baignade bronzette. Oh qu’il fait bon vivre !!!

Bientot nous repartirons vers Pamukale et ses etonnant edifices de calcaire… Bientot :D…

 

 

Les rois du camping! Ca fait pas de mal ma foi de faire l'touriste une fois...

 

 

Depuis le Mont Olympus.

 

 

Cheminee des fees en Cappadoce

 

 

Pochette de notre prochain album

 

Fresque d'une eglise troglodythe (env 900)

 

Thermes romain a Olympos

 

Amphitheatre (ce qu'il en reste) d'Olympos

 

Meditation en position equivoque

 

 

Mitch Buchanon a la rescousse

 

 

Le naturel en toute circonstance

 

Quietude

Kazakhstan >-> Azerbaidjan

Apres les decouvertes incroyables de l'Ouzbekistan, nous voila sur les routes ou plutot les rails du retour vers Almaty (Kazakhstan). Gonfles a bloc et pour cause, la fameuse piece (pompe a vide) commandee depuis Tashkent pour reparer notre voiture, devrait deja etre arrivee. La Volvo elle, etant toujours en attente sur le parking de la Maison de nos compatriotes expatries (ndjb: expatriotes ?).

C'est donc la tete pleine de mille et une merveilles vues sur le sol Ouzbek que nous embarquons pour 26 heures de train. Autant dire que les heures sont longues, malgre la facilite deconcertante avec laquelle nous passons la frontiere, le train reste une experience ardue. Bonde, il manque cruellement d'aerations, et la chaleur ambiante doit surement depasser les 45 degres. Mais l'ambiance reste unique et on se fait tres vite de nombreux amis prets a nous offrir du the, de la pasteque, des pates, de la vodka...

Retour donc au camp de base d'Almaty. Au programme, reparation de notre vieille Suedoise, enregistrement dans le pays, douches, retrouvailles, douches, et grand depart en direction du sud-Ouest du pays. Nous passons la premiere nuit dans un hotel terriblement miteux, histoire de beneficier de certains papiers qui facilitent l'enregistrement au bureau de l'immigration Kazak.

11h du mat', le lendemain, notre vieille dame ronfle deja ! Avec autant d'entrain que de reussite, Julien vient de terminer les reparations, et bien que fumant et tremblant un peu... on sent que la machine trepigne d'impatience !!! Re-charge a bloc, lave ,l'estomac et le reservoir bien rempli, nous reprenons la route en direction du sud du pays.

Regard fixe vers notre avenir, direction le soleil couchant.

Premiere etape Chimkent, sur la route les paysages aux horizons sans fin defilent devant nos yeux. On apercoit au loin une immense et impressionante chaine de montagnes, de l'autre cote et derriere ce desert de steppe couleur sable, la reserve d'Aksu-Zhabagly tranche avec ses nuances de verts. Bien que Chimkent soit principalement connue pour sa biere, les efflluves qui emanent des usines de cigarettes et de petrole ne nous inspirent pas vraiment a nous attarder sur place. Nous preferons continuer notre route, toutes tignasses et barbes au vent vers Turkestan.

Les horizons sans fins.

Turkestan est La ville religieuse du pays (et le monument le plus sacre d'asie centrale pour les musulmans). Elle abrite les plus beaux et les plus anciens monuments du Kazakhstan. Ses edifices sont comparables a ceux de Samarcande. La coutume locale veut meme que trois pelerinages a Turkestan equivalent a un pelerinage a la mecque. Le plus impressionant restera le Mausolee-Mosquee de Hodja Ahmad Yasawoui, avec ses coupoles bleues qui reposent sur un large edifice rectangulaire de briques jaunes. L'histoire raconte que Tamerlan fit construire ce mausolee a la memoire du poete Yasawoui, veritable propagateur de l'Islam au cours du XII eme siecle.

Mosquee Yasawoui

Les chameaux partout partout dans l'Ouest du Kazakhtstan

Nous retrouvons lors de ces premiers jours de route, la joie de planter/ lancer notre tente 4 sec'. Gaz, popotte, plat de pates, et les inevitables moustiques redeviennent le lot quotidien. Les journees de voiture se font de plus en plus longues et de moins en moins productives, entre 12 et 15h de volant pour seulement 500km parcourus, autant dire que nous roulons a une cadence d'escargot.

N'ayant pu se payer le luxe d'approcher la mythique mer d'Aral cote Ouzbek, nous prenons tout de meme le temps de passer visiter Aralsk. Ancien village de peche situe sur les cotes Kazakhes. Celles-ci n'ont rien a envier a leurs voisines Ouzbek. Il faut savoir que cette mer a subit l'un des plus scandaleux desastre de l'Asie Centrale. Au debut du XX eme siecle les sovietiques deciderent d'utiliser les principaux fleuves alimentant la mer, pour irriguer de nouveaux champs de coton. Les productions de coton etant situees en plein desert, autant dire que l'irrigation tua les fleuves, qui a leur tour provoquerent la disparition de la mer. Ne nous y trompons pas, les sovietiques etaient parfaitement conscients de leurs actes et du futur assechement...

La ville d'Aralsk ou l'on a du mal a croire qu'il y avait la mer...

Aujourd'hui l'assechement du 4eme plus grand lac de la planete a provoque de gros degats sur le climat et l'ecosysteme de la region. La mer est depuis quelques temps deja coupee en deux, separant definitivement la quasi defunte partie Ouzbeque de la renaissante partie Kazakhe.

Les paysages de desolations predominent. Et l'ambiance post-apocalyptique est totale. Un littoral asseche, des plaques de croute de sel blanchatres et des vieilles carcasses de bateaux rouilles, eventres, gisant au bord de ce qui fut autrefois le port de peche... La mer se situe a plus de 60 km des cotes. La ville parait donc bien morte, et peu accueillante. Nous decidons de continuer notre route malgre la nuit tombante. Il nous faut avancer.

Il est 1h00 du mat', depuis 2 bonnes heures les routes sont un veritable calvaire : De la piste blindee de gros trous, des pierres saillantes. Nous roulions deja au pas, la ca devient du quasi ralenti. Mais il nous faut rester prudents et menager notre vieille dame. Nous repensons aux derniers paysages apercus dans les steppes, Ces caravanes de chameaux, marchant avec nonchalance sous un soleil couchant. Des couleurs de rouge flamboyant aux oranges-jaunes, ce soleil qui refuse de se coucher, crachant ces ultimes rayons sur notre capot poussiereux.

Des camioneurs qui nous disent qu'on est pas arrive... On leur a offert notre CD de Priscilla et un album d'accordeon savoyard.

>>> 3h00 du matin. Ca devient l'enfer, il ne reste plus que deux cigarettes dans le paquet, et la tension est totale et pour cause, depuis 1h il est quasiment impossible d'avancer... notre carte qui indiquait pourtant une belle et jolie autoroute bien goudronnee, nous a completement trompes. C'est dans des dunes de sables que nous sommes contraints d'avancer, des ornieres de 80 cm de profondeurs jonchent la "Piste". Nous nous frayons un chemin avec autant de patience que d'attention, les yeux ecarquilles sur la lumiere des phares qui eclairent de maniere tres partielle les quelques traces de roues laissees sur le sol par les precedents aventuriers...

La rencontre de deux camioneurs sur le chemin, ne nous rassure pas plus, il nous resterait encore 40km de piste en sable avant d'atteindre un peu d'asphalte. "Gauche, NON Droite, Droite encore, Au centre, attention a gauche !!!" Les quatres comperes negocient au mieux les derniers km, Les vitres fermees, un chech sur le nez, l'habitacle et completement rempli de poussiere, on respire difficilement,et il ne reste plus qu'une cigarette... Pas question donc de rester coince au milieu de nul part.

5h30, "Ah la voila", les levres posees sur ce goudron encore chaud, heureux de revoir une route. Malgre les dents pleines de sable on peut voir un sourire radieux sur nos quatre tetes. Droite, lisse, infinie, et cette lune pleine qui l'eclaire, c'est un regal de pouvoir pousser le regime de notre machine sur ses premiers km. ... Joie de courte duree, la volvo refuse d'avancer a plus de 60km/h... Malgre un nettoyage partiel du sable qui encombrait le moteur, un souflage en bonne et due forme du filtre a air, rien y fait. La vieille dame broute et petarade. Sable ou mauvais gasoil... La nuit sera courte et nous passerons la journee du lendemain a demonter, monter, re-demonter certaines parties du moteur. Bilan final il semblerait que se soit la pompe a injection, un mauvais gasoil l'aurait encrassees. Sans l'aide d un garage specialise, il nous sera impossible d'effectuer les reparations.

Pas glop, le coup de la panne...

Decision cruciale, choix cornelien... Partir-rester-attendre-tenter de rejoindre le prochain garage a plus de 500km... La route est deserte, les quelques tentatives de stop pour demander de l'aide sont fortuites. A 20 km de la, nous arrivons non sans mal au petit village d'Yrghyz. Perdu au milieu des steppes, Yrghyz et une petite oasis avec ses rues de sable et ses chameaux allonges devant chaque carrefours. Le temps semble s'etre arrete ici, tout comme le coeur de notre volvo, qui s'etouffe et stoppe tous les 10 metres. Il est maintenant 19h, et poser au centre du village, notre suedoise refuse de faire un pas de plus.

De l'eau !!!

Par chance nous rencontrons un jeune Kazak, Arzamat, et son pere. Tous deux curieux de nous voir discuter autour de notre voiture. Le pere d'Arzamat est le conducteur du bus scolaire, ce qui aura son importance plus tard... Ils nous invitent a boire le the chez eux, a nous laver dans la crasseuse riviere qui coule juste derriere leur maison. Apres bientot une semaine sans veritable bain, on n'hesite meme pas une seconde. Finalement nous troquerons notre machine et la quasi totalite de notre matos de camping contre un bon repas et une bonne nuit de sommeil, avec en bonus un trajet en bus vers la prochaine ville. Nous allegeons nos sacs, l'action est savoureuse, Les deux phares du bus scolaire eclairent la cour de la maison familiale d'Arzamat, la volvo est videe, nos affaires eparpillees, comptees, rassemblees, rationees, sous les yeux ebahit de quelques voisins curieux et de quelques milliers de moustiques gourmands... Les sacs sont donc boucles, le repas est englouti, le deal signe... Les yeux encore humides et les jambes couvertes de piqures nous nous couchons en fredonnant notre "requiem for a volvo"...

Voila sa nouvelle famille. Pour info, le petit garcon se faisait circonsir dans le salon pendant que nous prenions le the dans la cuisine.

 

7h de bus direction Aktaube, dont 2 vilaines heures de piste, ou nos fessiers rebondissent mechamment sur les banquettes. Une nuit a l'hotel de la gare et le lendemain nous negocions 4 places en mode clandestin avec la police de la gare direction Aktau au bord de la Mer Caspienne... Pas de billet et serres dans la cabine du controleur, 2m carre a 4, non 5 avec un autre clandestin Kazak. 30 heures de voyage ponctuees par quelques interventions de cupides policiers Kazaks. Arrivee a Aktau, seul port du pays, il nous faut moins de deux min pour trouver un taxi bon marche et un appartement pour la nuit. Le matin suivant c'est avec autant de reussite que nous reservons 4 places sur un cargo, qui de plus se pointe le jour meme. Il faut savoir que le cargo se pointe une fois tous les 7 a 10 jours. Yahouuu !!!

Notre prison sur rail.

L'eau chaude a Aktau

La traversee sur le bateau est aussi surprenante que comique. Et c'est avec stupeur que nous decouvrons l'etat general ainsi que l'etat de notre cabine... Delabree, sale, avec ce neon qui clignotte au plafond et cette vieille dame bossue qui bafouille  et postillonne quelques mots de russe, absolument incomprehensibles entre ses dernieres quenottes en or... c'est vraiment glauque. Nos matelas sont en piteux etat, avec des variantes de marrons, jaunes et des crottes de rats. Il etait prevu de passer seulement une vingtaine d'heures sur ce rafiot... Effectivement 20h plus tard nous sommes a quelques centaines de metres du port... Bloques. Le port est petit et le traffic est dense. Il faudra encore attendre pas moins de 24h pour avoir la joie de fouler le sol Azeri. 2 jours et 2 nuits de traversee, Des nuits tres collantes, beaucoup d'humidite, et une chaleur ambiante etouffante. Malgre l'ambiance veritablement "film d'horreur", et des bieres hors de prix, nous passons de bien bons moments en compagnie d'autres compatriotes voyageurs.

La belle mer Caspienne

Nous ne passerons que deux jours sur Baku, capitale de l'Azerbaidjan. Grande et jolie ville au bord de la mer caspienne, elle s'est developpee au fil des booms petroliers. Le pays a en effet un stock impressionant d'or noir, et la principale ville jouit aujourd'hui de ce juteux commerce. Les quartiers se modernisent autour d'un centre historique abritant des tresors d'architecture. A l'image de la 'Tour Maiden' vieille de plus de 2600 ans. Apres midi et soiree reposante, nous flanons bien tranquilement le long des berges. La ville reste chere, de plus notre visa ne nous permet de rester sur place que 5 petits jours. Nous prenons donc le train vers la Georgie, ou nous attendent de belles montagnes et des guest-houses abordables...

Le retour de Paulette devant la tour de la vierge

C'est pas notre hotel

Decouverte des bars a Shisha Azerbaijanais avec un Couchsurfer.

Antoine qui est vraiment un incorrigible farceur

 

Ouzbekistan toujours : Apres la sublimissime Samarcand, vos 4 serviteurs s’en retournent a la capitale pour obtenir leurs visas kazakhes et azerbaidjanais. Un sacerdoce pour des petits gringos qui ne parlent pas la langue dipomatique d’Asie Centrale -le russe- et qui peinent tant a faire comprendre leur langage des signes a des fonctionnaires hermétiques a des mimes pourtant geniaux. Contre toute attente, nous parvenons a obtenir les 2 papiers convoites qui devraient nous ouvrir la porte de la Caspienne et du Caucase. Youpii!! Plus de visa a faire pour le reste du voyage!

 

C’est donc regonfles a bloc que nous reprenons la route en direction de Boukharra dans un train de nuit ou nous cuisons pendant 10 heures. A l’instar de Samarcand, Boukharra est une merveille architecturale : son centre millenaire est construit autour d’un grand bassin qui lui confere l’ambiance apaisante des oasis et le charme des petits villages musulmans.

 

Moins clinquantes qu’a Samarcand, les ruelles typiques s’emmelent autour des monuments a coupoles bleues qui nous hypnotisent au soleil couchant. Pendant quelques jours, nous flanons de mosquees en madrasas et nous impreignons de la culture ouzbeque que le tourisme pousse parfois a la caricature. Les madrasas sont des lieux en marge du monde : Ce sont de ecoles coraniques surmontees d’imposantes coupoles bleues, construites autour de muriers centainenaires dont les feuilles sont recoltees pour nourrir les vers a soie. L’ambiance y est apaisante, l’air y est frais et le temps s’ecoule doucement; comme s’il attendait que le soleil decline pour reprendre sa course sous des temperatures plus clementes. La nuit, nous nous faufilons discretement dans la cour pour assister a la priere du ramadan. Le chant de l’immam et la procession des fideles sont envoutants dans la lumiere du clair de lune qui evoque tres vite les contes des 1001 nuits. Subtil melange que cette ambiance orientale au parfum de perse a la croisee des cultures arabe, occidentale et asiatique.

 

Cette mosquee a ete un temple bouddhique, puis zoroastrien, puis juif... l'endroit doit plaire aux croyants...

La cour d'une madrasa et son murier... quietude...

 

 

Une mosquee et ses nombreux piliers en bois sculpte...

 

La derniere des villes embematiques de la Route de la Soie est la petite Khiva qu’il nous faut atteindre en traversant le desert du Kyzylkoum. Un taxi negocie longuement nous y conduit en 5 heures. Aguerris a l’art du marchandage, nous reussissons a obtenir une nuit dans un hotel haut de gamme pour le prix de nos modestes guest houses habituelles. Scene caucasse : 4 pouilleux avec leurs sacs de trek au milieu d’une vaste chambre en marbre. Et le gerant de demander :

-         Cela vous convient-il?

-         Tu m’etonnes John!!

Avec son centre historique integralement restaure et son impressionante concentration de palais et madrasas, Khiva est un delice pour les yeux. Toutefois, une ballade sur les remparts nous demontrera rapidement qu’il s’agit d’une ville-musee dont la visite n’excedera pas un jour. Dommage, on s’habituerait vite au luxe!

 

La route qui traverse le desert du Kyzylkoum...

 

Khiva vue du minaret...

 

Les reparts de Khiva au couchant...

 

Derriere les barbus, le minaret Kalta Minor aurait ete le plus haut edifice humain s'il avait ete termine... Mais le commanditaire est mort et ses subsides avec lui...

 

 

 

 

Suivre la Route de la Soie et en visiter les superbes cites-etapes nous a enchantes mais il nous tarde de fuir les grands axes touristiques (65% des touristes en Ouzbekistan sont francais) et de decouvrir l’Ouzbekistan profond. Decision est prise de s’enfoncer dans les paysages desertiques du centre pour Nurata, petite oasis que le Lonely Planet conseille avec beaucoup de reserve. Au premier abord, Nurata n’est qu’un trou de verdure (ou ne coule qu’une toute petite riviere). Epargnee par le tourisme, la ville est un peu glauque et notre premier contact avec les habitants bourrus ne fait pas franchement rever. Le seul hotel est tout bonnement sordide et – monopole oblige- hors de prix. Mais notre innebranlable jovialite aura vite raison des regards inquisiteurs et nous voila rapidement entoures de jeunes gens curieux et adorables. Ils nous emmenent au bassin municipal prendre un bain salutaire, nous mettent la patee au foot et nous convient chez eux. Des p’tits gars droles et attachants, meme pour Jibe qui ne brille pourtant pas par son humanite. En peu de temps, des sourires se dessinent sur les visages fermes et on trouve finalement a Nurata un charme qu’elle n’a sans doute pas.

Le jaune c'est le desert, le vert c'est Nurata.

- J'ai soif !

- Ta gueule et marche...

 

 

 

Le bassin municipal: un trou dans du beton mais au pied de la forteresse d'Alexandre le Grand s'il vous plait !

 

Au dessus de la ville se dresse une ancienne forteresse batie par Alexandre le Grand. Nous visitons ce qu’il en reste le 2eme jour et decidons tres judicieusement de partir marcher dans le desert sous un soleil de plomb avec 2 litres de flotte pour atteindre des petroglyphes de l’age de bronze dont nous ne connaissons pas l’emplacement exact. Notre connerie etant encore une fois compensee par une chance de cocu, nous tombons sur une minuscule oasis ou des gamins nous offrent de l’eau, du pain et nous conduisent aux peintures rupestres qu’a l’evidence nous n’aurions pas trouvees.

 

 

 

Un petroglyphe de l'age de bronze (sous le gamin)...

 

 

C'est sec...

 

Notre depart de Nurata le lendemain se fait en grande pompe : tous les gosses sont la pour nous dire au revoir avec victuailles et cadeaux en tous genres (a un moment, un gosse a meme fait sourire Jibe). Nous retournons donc a la belle Samarcand ou nous savons pouvoir rester a moindre frais en attendant notre train pour le Kazakhstan. La-bas nous attendent notre rutilante monture et notre bien-aimee Paulette que nous avons oubliee et a qui nous presentons nos excuses.

 

 

Nous savourons donc nos derniers moments en Ouzbekistan ou nous aurons vu les magnifiques cites touristiques de Samarcand, Boukharra et Kiva, ainsi que les regions plus typiques et reculees de Chimgan, du Kyzylkoum et de Nurata. La decouverte de l’Ouzbekistan etait le principal objectif du voyage et pour cause : Riche d’une culture qui couvre 2 millenaires, cette region peut se targuer de detenir les plus belles richesses architecturales et artistiques d’Asie Centrale. Faute de temps et de moyen, nous ne sommes pas alles a la mer d'Aral et dans les villages sinistres qui bordent ses rives disparues. Apres moultes conversations avec les gens qui en revenaient nous savons que cette region glauquissime ne vaut le detour que si l'on s'interesse aux paysages desoles et que l'on veut se confronter a une population vraiment meurtrie. Pas de regret donc. Enfin, la population soumise a une autorite de fer n’en reste pas moins hospitaliere et legitimement fiere de sa culture qu’elle nous a fait decouvrir avec passion…

 

 

 

Depuis la forteresse d'Alexandrele Grand on distingue l'oasis en contrebas.

 

Excellent musicien de Boukharra qui joue du violon ouzbeque dont la caisse de raisonnance est couverte d'une peau de poisson

 

Jibe et Julien en Ouzbekistan ou Douceur de vivre dans les madrasas.

Khiva la nuit depuis les remparts...

L'homme qui nous a nourris tous les jours a Khiva...

 

 

Les bazars aux 1000 couleurs...

 

Il n'y a pas que des chameaux a 2 bosses sur la Route de la Soie, on trouve egalement des chameaux turkmenes (race de dromadaire)

Nous vous quittions il y a 2 semaines sur des questions qui vous ont, a n'en pas douter, tenu en haleine lors de longues nuits blanches. Angoisses et moites, vous cherchiez le sommeil avec un pincement au coeur pour les soyeux voyageurs. S'en est fini de ce cauchemar, nous voila de retour avec un feu d'artifice de reponses et de saveurs.
Apres une longue meditation, nous avons fait le choix de partir en Ouzbekistan par le biais de transports en commun. Le temps de se faire envoyer la piece a Almaty et de repartir avec notre divine monture.

 

Le voyage de 13h en train de nuit a un charme indeniable. En plus d'etre un vestige de l'air sovietique, il nous permet de profiter de la toujours aussi chaleureuse hospitalite Kazakh:"T'es Americain ?" - "Non, français.">Francais" - "Oooh (plus proche du grognement que de l'exclamation), Viens boire de la vodka dans ma cabine (plus proche de l'ordre, que de la proposition)." Heureusement pour nous, ils jugerent a la troisieme bouteille, apres nous avoir offert Plov et Chachlik, que leurs etats (et le notre) etaient satisfaisant pour dormir.

C'est avec les yeux gonfles et la tete, comme l'estomac, ballonnee que nous arrivames en gare de Shimkent a 6h. Procedure habituelle: controle des passeports en faisant mine qu'il y a un tres tres gros probleme qui ne peut se resoudre qu'avec un peu d'argent. On commence a etre habitues, on ne lache plus un rond meme si on doit perdre une heure.

Passer la frontiere Ouzbek a pieds fut une simple formalite de tout juste 1h30. Et c'est a ce moment que tout commence. Le changement est radical. Pays touristique car possedant une richesse historique, culturelle et architecturale sans equivalent en Asie centrale, l'Ouzbekistan a un sens du commerce qui le rapproche de ses origines Turcs, d'ou les habitants tirent leurs traits.

 

 

Notre passage d'une semaine a Tashkent (plus grande ville d'Asie centrale) afin de faire nos visas Kazakh et Azeri, nous a permis de nous baigner dans l'ambiance locale.

 

 

 

A quelques kilometres dans les montagnes se trouvent une station de ski rudimentaire et coloree. Difficile d'imaginer dans ce paysage jaune et sec, que l'hiver peut amener 2metres de neiges et des temperatures bien en dessous de zero. C'est le depart de nombreuses randonnees (la pratique semble plus courante en Ouzbekistan qu'au Kazakhstan).

 

 

 

Tashkent, malgre sa taille et la presence d'un nombre de policiers hallucinant (pour un barbus, il faut compter une moyenne de 2 controles par jour) est une ville agreable et calme. De nombreux musees et monuments sont presents, meme si l'on peut douter de la veracite de certaines informations historiques qui sont donnees par l'eternel president Karimov.

 

 

 

Le grand bazar de Chorsu est l'un des endroits les plus effervescent de la ville, avec ses etales de pasteques, d'epices, de beignets...

 

 

 

C'est aussi le lieu ideal pour echanger ses dollars au marche noir et obtenir un taux bien meilleur (1 euro = 1600 Sum en banque et 2200 sur le marche parallele...).
En parlant de l'argent d'ailleurs, on se retrouve rapidement avec de tres grosses liasses, en effet, la plus grosse coupure est un billet de 1000 Sum... Autant dire que l'on se promene avec quasi un sac de voyage pour transporter sur nous de quoi se nourrir, dormir et se deplacer... Au cours de quelques discussions avec des Ouzbeks, nous apprenons qu'il y a une grosse penurie d'essence dans le pays (Cette panne est finalement plutot un mal pour un bien, notre douce Suedoise etant rester sur Almaty). Elle serait due a l'etat qui detient le monopole sur la distribution de petroleet qui fait ainsi grimper les prix en simulant une crise... Pratique interessante mais qui malheureusement pour nous fait aussi augmenter le prix des taxis (Mode de transport pratique et economique pour 4 personnes et 4 gros sacs).

Nos manoeuvres administrative ayant ete amorcee pour la demande de visas et la visite de Tashkent etant terminee, nous avons pris la route de la legendaire Samarcande, qui avait deja emmerveillee Alexandre le grand en son temps.

 

 

Et le spectacle est au rendez-vous. Certes, il ne reste plus rien de cette lointaine epoque, mais les monuments du XIVe siecle brillamment restaures par les Sovietiques, puis par les Ouzbeks, exposent fierement leurs faiences bleues au milieu des steppes arides.

 

 

On peut regretter le developpement touristique (meme s'il est logique) de la ville qui enleve peut etre un peu d'authenticite. On est encore tres loin de la cote d'azur, ou d'autres lieux hyper touristiques, mais on aimerait tellement tomber, comme dans le passe, sur des caravanes de chameaux et entendre les appels a la priere. La route de la soie et ses commercants ont disparu et le president a interdit aux muezzins de chanter.

 

 

L'esprit de la ville se vehicule cependant au travers de ses massives coupoles bleues, ses madrasahs, ses mosques, ses mosoles et dans les rues sinueuses et pleines de vie des vieux quartiers.

 

 

 

 

 

A l'auberge, nous rencontrons David, un Canadien, qui a commence il y a 12 ans un voyage en Turquie qui ne s'est jamais fini. Il nous a fait decouvrir de nombreux instruments folkloriques d'Asie centrale, dont le tambour (instrument a 2 cordes avec un manche immense...) qui change vraiment du son aleatoire et criard des guitares de "Ben et les autres".

 

 

Nous voila de retour a Tashkent pour recuperer nos visa et terminer notre boucle en Ouzbekistan.
Prochaine direction Bukhara ou nous esperons bien boire quelques litres de Choubat, lait de Chamelle fermente.

 

 

Arvi pa