Ouzbekistan toujours : Apres la sublimissime Samarcand, vos 4 serviteurs s’en retournent a la capitale pour obtenir leurs visas kazakhes et azerbaidjanais. Un sacerdoce pour des petits gringos qui ne parlent pas la langue dipomatique d’Asie Centrale -le russe- et qui peinent tant a faire comprendre leur langage des signes a des fonctionnaires hermétiques a des mimes pourtant geniaux. Contre toute attente, nous parvenons a obtenir les 2 papiers convoites qui devraient nous ouvrir la porte de la Caspienne et du Caucase. Youpii!! Plus de visa a faire pour le reste du voyage!

C’est donc regonfles a bloc que nous reprenons la route en direction de Boukharra dans un train de nuit ou nous cuisons pendant 10 heures. A l’instar de Samarcand, Boukharra est une merveille architecturale : son centre millenaire est construit autour d’un grand bassin qui lui confere l’ambiance apaisante des oasis et le charme des petits villages musulmans.

Moins clinquantes qu’a Samarcand, les ruelles typiques s’emmelent autour des monuments a coupoles bleues qui nous hypnotisent au soleil couchant. Pendant quelques jours, nous flanons de mosquees en madrasas et nous impreignons de la culture ouzbeque que le tourisme pousse parfois a la caricature. Les madrasas sont des lieux en marge du monde : Ce sont de ecoles coraniques surmontees d’imposantes coupoles bleues, construites autour de muriers centainenaires dont les feuilles sont recoltees pour nourrir les vers a soie. L’ambiance y est apaisante, l’air y est frais et le temps s’ecoule doucement; comme s’il attendait que le soleil decline pour reprendre sa course sous des temperatures plus clementes. La nuit, nous nous faufilons discretement dans la cour pour assister a la priere du ramadan. Le chant de l’immam et la procession des fideles sont envoutants dans la lumiere du clair de lune qui evoque tres vite les contes des 1001 nuits. Subtil melange que cette ambiance orientale au parfum de perse a la croisee des cultures arabe, occidentale et asiatique.

Cette mosquee a ete un temple bouddhique, puis zoroastrien, puis juif... l'endroit doit plaire aux croyants...

La cour d'une madrasa et son murier... quietude...

Une mosquee et ses nombreux piliers en bois sculpte...

La derniere des villes embematiques de la Route de la Soie est la petite Khiva qu’il nous faut atteindre en traversant le desert du Kyzylkoum. Un taxi negocie longuement nous y conduit en 5 heures. Aguerris a l’art du marchandage, nous reussissons a obtenir une nuit dans un hotel haut de gamme pour le prix de nos modestes guest houses habituelles. Scene caucasse : 4 pouilleux avec leurs sacs de trek au milieu d’une vaste chambre en marbre. Et le gerant de demander :

-         Cela vous convient-il?

-         Tu m’etonnes John!!

Avec son centre historique integralement restaure et son impressionante concentration de palais et madrasas, Khiva est un delice pour les yeux. Toutefois, une ballade sur les remparts nous demontrera rapidement qu’il s’agit d’une ville-musee dont la visite n’excedera pas un jour. Dommage, on s’habituerait vite au luxe!

La route qui traverse le desert du Kyzylkoum...

Khiva vue du minaret...

Les reparts de Khiva au couchant...

Derriere les barbus, le minaret Kalta Minor aurait ete le plus haut edifice humain s'il avait ete termine... Mais le commanditaire est mort et ses subsides avec lui...

Suivre la Route de la Soie et en visiter les superbes cites-etapes nous a enchantes mais il nous tarde de fuir les grands axes touristiques (65% des touristes en Ouzbekistan sont francais) et de decouvrir l’Ouzbekistan profond. Decision est prise de s’enfoncer dans les paysages desertiques du centre pour Nurata, petite oasis que le Lonely Planet conseille avec beaucoup de reserve. Au premier abord, Nurata n’est qu’un trou de verdure (ou ne coule qu’une toute petite riviere). Epargnee par le tourisme, la ville est un peu glauque et notre premier contact avec les habitants bourrus ne fait pas franchement rever. Le seul hotel est tout bonnement sordide et – monopole oblige- hors de prix. Mais notre innebranlable jovialite aura vite raison des regards inquisiteurs et nous voila rapidement entoures de jeunes gens curieux et adorables. Ils nous emmenent au bassin municipal prendre un bain salutaire, nous mettent la patee au foot et nous convient chez eux. Des p’tits gars droles et attachants, meme pour Jibe qui ne brille pourtant pas par son humanite. En peu de temps, des sourires se dessinent sur les visages fermes et on trouve finalement a Nurata un charme qu’elle n’a sans doute pas.

Le jaune c'est le desert, le vert c'est Nurata.

- J'ai soif !

- Ta gueule et marche...

Le bassin municipal: un trou dans du beton mais au pied de la forteresse d'Alexandre le Grand s'il vous plait !

Au dessus de la ville se dresse une ancienne forteresse batie par Alexandre le Grand. Nous visitons ce qu’il en reste le 2eme jour et decidons tres judicieusement de partir marcher dans le desert sous un soleil de plomb avec 2 litres de flotte pour atteindre des petroglyphes de l’age de bronze dont nous ne connaissons pas l’emplacement exact. Notre connerie etant encore une fois compensee par une chance de cocu, nous tombons sur une minuscule oasis ou des gamins nous offrent de l’eau, du pain et nous conduisent aux peintures rupestres qu’a l’evidence nous n’aurions pas trouvees.

Un petroglyphe de l'age de bronze (sous le gamin)...

C'est sec...

Notre depart de Nurata le lendemain se fait en grande pompe : tous les gosses sont la pour nous dire au revoir avec victuailles et cadeaux en tous genres (a un moment, un gosse a meme fait sourire Jibe). Nous retournons donc a la belle Samarcand ou nous savons pouvoir rester a moindre frais en attendant notre train pour le Kazakhstan. La-bas nous attendent notre rutilante monture et notre bien-aimee Paulette que nous avons oubliee et a qui nous presentons nos excuses.

Nous savourons donc nos derniers moments en Ouzbekistan ou nous aurons vu les magnifiques cites touristiques de Samarcand, Boukharra et Kiva, ainsi que les regions plus typiques et reculees de Chimgan, du Kyzylkoum et de Nurata. La decouverte de l’Ouzbekistan etait le principal objectif du voyage et pour cause : Riche d’une culture qui couvre 2 millenaires, cette region peut se targuer de detenir les plus belles richesses architecturales et artistiques d’Asie Centrale. Faute de temps et de moyen, nous ne sommes pas alles a la mer d'Aral et dans les villages sinistres qui bordent ses rives disparues. Apres moultes conversations avec les gens qui en revenaient nous savons que cette region glauquissime ne vaut le detour que si l'on s'interesse aux paysages desoles et que l'on veut se confronter a une population vraiment meurtrie. Pas de regret donc. Enfin, la population soumise a une autorite de fer n’en reste pas moins hospitaliere et legitimement fiere de sa culture qu’elle nous a fait decouvrir avec passion…

Depuis la forteresse d'Alexandrele Grand on distingue l'oasis en contrebas.

Excellent musicien de Boukharra qui joue du violon ouzbeque dont la caisse de raisonnance est couverte d'une peau de poisson

Jibe et Julien en Ouzbekistan ou Douceur de vivre dans les madrasas.

Khiva la nuit depuis les remparts...

L'homme qui nous a nourris tous les jours a Khiva...

Les bazars aux 1000 couleurs...

Il n'y a pas que des chameaux a 2 bosses sur la Route de la Soie, on trouve egalement des chameaux turkmenes (race de dromadaire)